Louis, vicomte de l’Estourbeillon.


Voici le début d’une petite recherche qui ne manque pas, selon moi d’intérêt. La présence d’un personnage peu ordinaire (du moins son nom) est attestée à Latour en 1910. Il s’agit de Louis, vicomte de l’Estourbeillon.
Il verse cette année-là son écot à une confrérie (du Saint sacrement ?) pour lui-même, son épouse née de Barguy d’Hageuse ainsi que pour leurs quatre enfants.
L’inscription figure dans les Annales paroissiales et stimule quelque peu la curiosité.
Aucune des personnes du cru interrogées n’en connait l’existence.
Alors la révélation viendra peut-être du dieu Internet !
On peut y retrouver un homonyme, sans doute un ancêtre car il s’agit d’une vieille noblesse : un certain Louis de l’Estourbeillon croisé de Pie IX, tué à 19 ans d’une balle au front (?) sur le rempart de Limisso en 1249.
Ce patronyme inconnu ici était et reste commun en Bretagne, près de Saint-Nazaire et en Morbihan. Leur blason “D’argent au griffon de sable, armé et lampassé de gueules” parait moins simple que leur devise “ Crains le tourbillon”.
On découvre qu’un député de Vannes-près de Saint-Nazaire-porte ce nom en
1905 et se trouve être proche de l’Association catholique de la jeunesse française. Est-ce le même qui, jusqu’en 1914, fait partie des 4 aristocrates qui représentent (pour moitié) le département du Morbihan ? Ceux-là qui, en 1919, avec l’approbation du Mal Foch et des évêques de Bretagne, réclame à l’occasion du traité de paix la possibilité pour la Bretagne de s’exprimer dans les conférences internationales!…

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Mais en fait que venait faire en Gaume, en 1910 M. de l’Estourbeillon, un Breton âgé de 39 ans ?
Son entourage, son histoire personnelle pourrait sans doute nous en dire plus.
A défaut, rappelons-nous – comme déjà dit dans l’histoire de l’harmonium- que des incidents diplomatiques se répétaient entre la France et le Vatican.
Un certain “modernisme” théologique existait mais l’autorité catholique le considérait comme déviant et menant à l’hérésie.
Dans cet affrontement, la Bretagne avait choisi son camp. L’excellente étude (Combats pour une Bretagne catholique et rurale) de David Bensoussan aborde tous les aspects de la question. On peut y relever des références à la lutte contre l’Etat laïque et laicisateur, à l’essor des Unions catholiques
sous les ordres d’un épiscopat très ultramontain (papiste) répondant aux consignes de Pie X.
Ainsi que l’histoire du mouvement politique nommé Le Sillon, visant à rapprocher la religion de la République laïque afin de contrer l’influence anticléricale dans la classe ouvrière. En expansion dès 1905, ce mouvement bénéficie d’abord de l’appui de Rome avant d’en être condamné en 1910.
Or, l’exaltation de la participation bretonne lors de la grande guerre (dixit D.Bensoussan) modifia ce contexte…
Ce sont des repères intéressants en ce qui concerne cette période, quand justement notre vicomte breton est parmi nous répertorié…

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Etait-ce une présence fortuite ? Etait-il simplement de passage à Latour ?
Sans doute.
Avait-il une invitation ? Par qui et dans quel cadre ? Pour quoi y faire ?
Voici des interrogations dignes peut-être d’un suivi. Si quelqu’un, si d’autres sources peuvent y répondre on pourra dire qu’on aura amélioré l’éclairage.

Claude.